La désactivation de ces comptes fait en effet suite à des sorties de deux de ces contributeurs laissant entendre qu’ils se tiennent prêts à diriger le projet WordPress.Woke up to a phone full of pings that @photomatt has…publicly announced he’s deactivated an account I haven’t logged into since February 2020, for an OSS project I haven’t been involved with since then, and am not involved with now.
— Heather Burns (@WebDevLaw) January 11, 2025
Must have been a bad batch from his dealer. pic.twitter.com/wBnkwgL9Ej
Le monde de WordPress, l'une des technologies les plus populaires pour la création et l'hébergement de sites web, est en proie à une vive controverse. La question centrale est la lutte entre Matt Mullenweg, fondateur de WordPress et PDG d'Automattic, et WP Engine, qui héberge des sites web construits sur WordPress. La technologie WordPress est open source et gratuite, et elle alimente une grande partie de l'internet (environ 40 % des sites web). Les sites web peuvent héberger leur propre instance de WordPress ou faire appel à un fournisseur de solutions comme Automattic ou WP Engine pour une solution prête à l'emploi.So @photomatt - I saw the post by @automattic.
— Joost de Valk (@jdevalk) January 10, 2025
I'm ready to lead the next releases. I am sure plenty of people and companies are willing to help me and we've got plenty of ideas on what we should be doing.#WordPress
À la mi-septembre, Mullenweg a écrit un billet de blog dans lequel il qualifiait WP Engine de « cancer pour WordPress ». Il a critiqué l'hébergeur pour avoir désactivé la possibilité pour les utilisateurs de voir et de suivre l'historique des révisions pour chaque article. Mullenweg estime que cette fonctionnalité est « au cœur de la promesse de l'utilisateur de protéger ses données » et affirme que WP Engine la désactive par défaut pour économiser de l'argent.
Il a également mis en cause Silver Lake, l'investisseur de WP Engine, qui ne contribue pas suffisamment au projet open source et dont l'utilisation de la marque « WP » a fait croire à ses clients qu'elle faisait partie de WordPress.
En réponse, WP Engine a envoyé une lettre de cessation et de désistement à Mullenweg et Automattic, leur demandant de retirer leurs commentaires. Elle a également déclaré que son utilisation de la marque WordPress était couverte par le principe de l'usage loyal. L'entreprise a affirmé que Mullenweg avait déclaré qu'il adopterait une « approche nucléaire de la terre brûlée » à l'encontre de WP Engine, à moins qu'elle n'accepte de payer « un pourcentage significatif de ses revenus pour une licence de la marque WordPress ».
En réponse, Automattic a envoyé sa propre lettre de cessation et de désistement à WP Engine, affirmant qu'ils avaient enfreint les règles d'utilisation des marques WordPress et WooCommerce. La Fondation WordPress a également modifié sa page « Trademark Policy » et a pointé du doigt WP Engine, alléguant que le service d'hébergement avait semé la confusion chez les utilisateurs.
Mullenweg a ensuite interdit à WP Engine d'accéder aux ressources de WordPress.org. Alors que les éléments tels que les plug-ins et les thèmes sont sous licence open source, les fournisseurs comme WP Engine doivent gérer un service pour les récupérer, ce qui n'est pas couvert par la licence open source.
Cette situation a mis à mal de nombreux sites web et les a empêchés de mettre à jour les modules d'extension et les thèmes. Certains d'entre eux se sont également retrouvés exposés à des attaques de sécurité. La communauté n'a pas apprécié cette approche consistant à laisser les petits sites web sans défense.
En réponse à l'incident, WP Engine a déclaré dans un billet que Matt Mullenweg avait abusé de son contrôle sur WordPress pour interférer avec l'accès des clients de WP Engine à WordPress.org : « L'action sans précédent et injustifiée de Matt Mullenweg interfère avec le fonctionnement normal de l'ensemble de l'écosystème WordPress, affectant non seulement WP Engine et nos clients, mais aussi tous les développeurs de plugins WordPress et les utilisateurs de logiciels libres qui dépendent des outils de WP Engine tels que l'ACF. »
« Dans le fond Automattic a raison mais son PDG a très mal traité cette affaire », selon un membre de developpez.comThese valuable #WordPress people got their accounts deactivated on .org, had a sarcastic post wrote about them on a very public stage, merely for suggesting changes that would be more fair and cooperative for the WordPress community. They are being made examples of to make people… https://t.co/En9zZ5RpJu
— Tia Wood ✪ (@MetaPrinxss) January 11, 2025
« Dans le fond, Automattic a raison, mais son pdg est vraiment un incapable. Il a très très mal traité cette affaire. Le financement de projet libre et/ou open source est un problème et ça peut être énervant de voir des grosses boites les utiliser gratuitement et se faire pleins d'argents. Maintenant un bon pdg doit être capable de changer cela de manière business au lieu de le faire en mode pirate et au final que la justice même se retourne contre lui. L'existence même de sa boite et menacé désormais. Ne pouvait-il pas changer la licence et ou la commercialisation de son projet ? par exemple l'utilisation et les mises à jour gratuites pour les petits projets et pour les gros a fort trafic de devoir payer une licence ? Ce modèle est ce qu’ont adopté beaucoup de projets », lance-t-il.
Certains détails techniques sont de nature à justifier la posture de Matt Mullenweg
« Wordpress est un logiciel libre, n'importe qui peut le télécharger et l'installer sur son propre serveur. Wordpress est une marque déposée, donc l'utilisation du nom Wordpress est soumis à restriction. Bien sûr le fait de mettre "ce site utilise wordpress" n'est pas une violation de ces restrictions, mais j'imagine qu'il y a des limites publiées quelque part - si quelqu'un peut publier un lien?
Wordpress.org est un hébergeur de contenu utilisant Wordpress. En tant que tel il est en droit de décider de restreindre certains types de contenu, soit pour des raisons légales (éviter d'être un nouvel Altern) soit en raison d'une surcharge que ça suppose sur ses serveurs (typiquement, la vidéo). En revanche, en vertu de la neutralité du Net, c'est bien un type de contenu qui peut être restreint et non une société en particulier, donc le fait de la citer nommément comme c'est le cas ici pose problème.
Wprdpress.org reproche à Wp Engine d'utiliser leur espace d'hébergement pour se délester d'une partie de leur propre trafic. C'est légitime, c'est conforme à la restriction citée plus haut à condition de l'avoir clairement indiqué dans les conditions d'hébergement, est-ce que quelqu'un a un lien pour vérifier que c'est bien le cas ?
Et quand bien même, encore une fois c'est l'hébergement d'un certain type de contenu qui doit être interdite, pas l'affiliation à la première société qui a eu l'audace de faire ça. C'est le principe même de la neutralité du net.
Ici le type de contenu si je comprends bien ce sont des plugins auxquels l’on accède directement. C'est à dire non pas des plugins à télécharger, mais auxquels les utilisateurs de WpEngine sont incités à pointer directement vers le site Wordpress.org ce qui augmente le trafic de ce dernier. Ça me rappelle un peu ce qui s'était passé avec Google translate: entièrement gratuit au début, les premières restrictions sont apparues quand ils se sont aperçu que de nombreux sites envoyaient une requête de traduction à chaque accès, même si chaque requête demandait le même texte source, plutôt que de stocker le résultat dans un cache, engendrant un surcroît de travail inutile pour Google. Légitime, à condition de bien le stipuler dans les conditions d'utilisation, ce que Google avait probablement oublié de faire.
Bref, dans cette affaire il faut bien faire la distinction entre le logiciel qui est libre et gratuit - à condition de l'installer soi-même - et le service d'hébergement qui n'est pas directement concerné par la GPL mais par ses propres conditions d'utilisation. Que vous contribuiez ou non au logiciel libre que vous utilisez n'a aucun lien avec des droits que vous pouvez avoir sur le service d'hébergement qui est proposé (surtout que ce n'est peut-être pas par la même société). Mais encore faut-il que ces conditions d'utilisation soient bien écrites » souligne un autre membre de developpez.com.
Source : Matt Mullenweg
Et vous ?
Quel regard jetez-vous sur le modèle de gouvernance actuel de WordPress ? Devrait-il évoluer vers un modèle plus décentralisé pour limiter ce genre de controverses ?
Cette situation pourrait-elle affecter l’adoption et la croissance de WordPress dans le futur ?